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L’effet prix sur la consommation d’alcool est-il réel ?

prix sur la consommation d’alcool
Taxation de l’alcool

De nombreuses études tentent de mesurer l’efficacité de la fiscalité comportementale. L’impact d’une taxation sur l’amélioration de la santé des consommateurs n’est en effet pas toujours évident. Les études confirment que l’augmentation des prix sur la consommation d’alcool est un moyen efficace pour faire diminuer la consommation.

Pour être jugée efficiente, une telle imposition doit d’abord induire une hausse effective des prix, puis provoquer une baisse notable de la consommation et ce, malgré l’existence de produits de substitution et de sources d’approvisionnements parallèles. Pour autant, la plupart de ces études sur la fiscalité comportementale confirment que la taxation de l’alcool constitue un moyen relativement efficace pour faire diminuer sa consommation. L’alcool : seconde cause de mortalité prématurée en France

L’élasticité-prix

En économie, on estime généralement que la quantité consommée d’un bien diminue avec la hausse de son prix. L’élasticité de la demande au prix est donc négative. Certains biens sont caractérisés par une faible élasticité, ce qui signifie que les consommateurs ne peuvent pas acheter d’autres biens de substitution. A l’inverse, quand l’élasticité est jugée forte, une faible hausse des prix peut engendrer une importante baisse de la consommation. Cette « élasticité-prix » mesure donc la façon dont la demande réagit à une évolution de prix. Si l’élasticité-prix de la demande d’alcool est estimée à -0,4 par exemple, cela signifie qu’une augmentation des prix de 10 % se traduit par une diminution de la consommation de 4 %.

Dès lors, si l’élasticité-prix d’un produit nocif est élevée, une hausse de taxation a de grandes chances d’être efficace en termes de santé publique. En revanche, si cette élasticité est faible, par exemple parce que le bien en question est très addictif, alors l’impact d’une augmentation de sa taxation risque d’être limité en termes de santé publique, mais intéressant du point de vue du rendement de la taxe et des recettes publiques.

Pour les boissons alcoolisées, un même niveau de consommation annuelle ou mensuelle peut prendre la forme d’une consommation régulière, mais modérée, ou bien d’une consommation épisodique, mais excessive. Pour une personne qui consommerait sept verres de vin par semaine, les conséquences sur la santé publique ne sont pas les même selon que cette consommation moyenne correspond à la consommation d’un verre de vin tous les jours ou bien à celle de sept verres de vin avalés en l’espace de deux heures, juste avant de prendre le volant.

Pour autant, comme le rappelle l’étude d’évaluation de la fiscalité des boissons alcooliques et d’orientation stratégique de la politique de santé publique dans ce domaine dirigée par Pierre Kopp (juillet 2006), l’idée que l’augmentation du prix déclenche une baisse de la consommation constitue la racine des politiques de taxation de l’alcool en France. Or les études qui tentent d’identifier la nature et l’ampleur de la sensibilité du consommateur au prix de l’alcool sont nombreuses mais divergent quant aux résultats auxquels elles aboutissent. L’amplitude des variations du niveau de consommation d’alcool provoquée par des hausses de prix est donc difficile à anticiper.

Risque de contournement

Lorsque l’État décide d’augmenter la taxation d’un bien, les producteurs de ce bien, s’ils sont capables d’agir sur les prix, peuvent s’adapter à cette décision et modifier leur politique tarifaire. S’ils décident de réduire leurs marges unitaires pour contrer l’effet de la hausse de la taxation, les prix peuvent ne pas augmenter autant que prévu. Mais à l’inverse, anticipant une baisse de la consommation liée à l’instauration de la taxe, ils peuvent aussi décider d’augmenter leurs marges unitaires pour compenser l’effet de cette baisse : le prix du bien augmente alors davantage que prévu.

Par ailleurs, face à une hausse importante des taxes, les consommateurs peuvent chercher à se procurer les produits ailleurs (voie légale comme les achats transfrontaliers) ou sur place, mais sur un marché parallèle (voie illégale comme la contrebande). L’importance de ces pratiques dépend souvent de la configuration géographique du pays concerné, notamment d’une frontière avec un pays ou une région où le niveau des taxes est très différent, et de la capacité du pays à lutter contre la contrebande.

graphique Consommation de boissons alcoolisées
Consommation de boissons alcoolisées en litres par personne et par an

<p »>Source : Insee, comptes nationaux, base 2014