Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Taxes nutritionnelles : les exemples en Europe et au Mexique

Europe

En plus des campagnes de prévention, la taxation des aliments mauvais pour la santé comme outil pour aider les individus à prendre de bonnes habitudes alimentaires reste controversée. Retour d’expérience à partir des exemples de l’Europe : Finlande, de la Hongrie et du Mexique…

Il existe différents dispositifs de taxation des aliments mais le plus connu reste l’accise. Ici, la taxe porte sur la quantité et non la valeur du produit. Ainsi, la taxe est proportionnelle à la quantité de calories ou la teneur en sucre ajouté d’un produit. Mais il est aussi possible de taxer un nutriment spécifique. Cela permet d’éviter le report vers de mauvais aliments.

Par exemple, si on taxe les sodas, les consommateurs pourraient s’orienter vers les jus de fruits industriels, eux-mêmes très sucrés. Dès lors, l’avantage de taxer les calories est de pousser à consommer moins de produits caloriques. Une autre taxe alternative consiste à fixer un seuil quantitatif à partir duquel le produit est taxé. C’est d’ailleurs le cas de la taxe « sucre » nouvelle version, appliquée en France depuis juillet 2018 et qui permet de moduler le niveau de taxation des boissons sucrées par un barème évolutif en fonction du taux de sucre présent.

Plusieurs expériences de taxe nutritionnelle en Europe

Plusieurs taxes ont déjà été mises en place sur la « junk food » ces dernières années et dans différents pays d’Europe, à commencer par la Finlande où, depuis 2011, les confiseries, le chocolat et ses produits dérivés et les glaces sont taxés en plus. On peut également citer d’autre cas en Europe notamment celui de la Hongrie qui, la même année, a décidé, via la « taxe hamburger » ainsi baptisée initialement, de taxer certains sodas et boissons énergisantes mais aussi les chips, les barres chocolatées et les gâteaux préemballés.

Le gouvernement ayant décidé finalement que cette imposition ne devrait pas affecter le secteur de la restauration rapide, le dispositif a été renommé « taxe sur les graisses ». Cette dernière consiste à imposer une taxe de 10 forints sur les produits qui contiennent « trop » de sel, de sucre ou de matières grasses, tout en augmentant de 10 % la taxe sur les alcools et les boissons non alcoolisées.

Quant au Danemark, il a fait le choix dès 2010 d’augmenter les droits d’accise sur le chocolat, les glaces, les boissons sucrées et les confiseries de 25 %, et d’instaurer un an plus tard une taxe sur des aliments tels que la viande, le fromage, le beurre, les huiles alimentaires, la margarine et les snacks contenant plus de 2,3 % de graisses saturées.

L’impact économique ne s’est pas fait attendre. Ces mesures ont en effet entraîné une augmentation de 30 % du prix du paquet de beurre, de 8 % du prix du sachet de chips et de 7 % du prix du litre d’huile d’olive. Selon les objectifs officiels, les recettes fiscales s’élèveraient à plus de 200 millions d’euros par an, et la consommation de matières grasses saturées serait en baisse de 4 %.

Le cas encourageant du Mexique

En janvier 2014, le surpoids et l’obésité touchaient 70 % des adultes et 33 % des enfants mexicains. Face à ce problème majeur de santé publique, le gouvernement a décidé de taxer les produits alimentaires contenant plus de 275 kcal pour 100 g ainsi que les boissons sucrées. Dans le détail, cette taxe correspondait à un peso par litre, soit une hausse de près de 10 % du prix produit.

L’Université de Caroline du Nord et l’Institut national de santé publique mexicain ont réalisé une étude conjointe pour évaluer les premiers effets de cette mesure, dans un pays où l’obésité est un véritable fléau. Les résultats ont ensuite été ajustés avec la tendance à la baisse déjà analysée depuis 2012, et des variables socio-économiques.

Il apparaît nettement que la consommation de boissons sucrées a diminué de 6 % en moyenne sur l’année 2014. Fin décembre, le chiffre atteignait même 12 %. Cette évolution concerne tous les niveaux socio-économiques, selon l’étude, mais est plus marquée chez les plus démunis, atteignant -17 % à la fin de l’année. A contrario, les boissons sans taxe ont connu une croissance des ventes de 4 %, et principalement l’eau minérale.

Au total, un an après l’adoption de cette nouvelle taxation, la consommation des produits imposés a donc chuté de 5,1 % en moyenne et de 10,2 % pour les classes les plus modestes (étude Batis et al.). Le Mexique est le principal consommateur de boissons sucrées dans le monde, avec une moyenne de 163 litres par an et par personne, sachant qu’entre 1989 et 2006 leur consommation avait augmenté de 60 %.