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Fiscalité et santé publique : Etat des lieux des taxes comportementales

La notion de fiscalité comportementale  s’est installée durablement dans le paysage politique et médiatique à  l’occasion de la discussion des derniers  projets de loi de financement de la  sécurité sociale.  

Le succès de cette expression résulte de  l’indéniable intérêt porté par les pouvoirs  publics à la création de nouveaux  prélèvements (taxes sur les boissons  sucrées, contribution sur les boissons  énergisantes …) ou à l’augmentation du  taux des droits existants (droits de  consommation sur les produits du tabac,  droit sur les spiritueux et les bières …)  susceptibles de contribuer durablement  au financement des dépenses sociales.  

C’est dans ce contexte que la Mecss du  Sénat a décidé de dresser l’état des  lieux d’une fiscalité mal connue, mal  comprise et mal nommée, afin d’en faire  ressortir les enjeux, d’en souligner  l’intérêt et d’en établir les limites.  

Aux termes de ses travaux, la mission  estime que les pouvoirs publics peuvent  légitimement recourir à l’utilisation de  l’outil fiscal à des fins sanitaires au regard des coûts humains et financiers  associés au tabac, à l’alcool et à  l’obésité, à condition de tenir compte des  stratégies de contournement et de  substitution qui limitent son efficacité et  de son caractère régressif qui réduit  son acceptabilité.  

Au-delà des enseignements théoriques, la mission a souhaité évaluer l’importance accordée aux considérations sanitaires dans l’évolution récente des principaux  prélèvements existants en France.  

Elle constate que, pendant près de  dix ans, les objectifs de santé publique ont  été sacrifiés sur l’autel du rendement en  matière de fiscalité du tabac. En dépit de  l’aspect « fortement directeur » de la  fiscalité sur le prix des cigarettes, les  pouvoirs publics ont privilégié une  politique d’optimisation fiscale à la  diminution du nombre de cigarettes  vendues en laissant aux fabricants le  soin de décider du rythme  d’augmentation du prix de leurs produits.  

La structure de la fiscalité applicable aux  boissons alcoolisées reflète quant à elle  une juxtaposition de taxes ancestrales  sans véritable cohérence. Sa prise en  compte des préoccupations de santé  publique est aussi tardive qu’incomplète.  

Le développement des taxes  nutritionnelles reste quant à lui  embryonnaire, les débats relatifs aux  taxes sur les boissons sucrées et  certaines huiles n’ayant pas  véritablement initié de réflexion sur  l’impact effectif des taxes en matière de  lutte contre l’obésité.  

Au-delà de ces constats, la mission a  cherché les voies et moyens permettant  d’améliorer l’efficacité d’un instrument  qui, en sus de son effet sur les habitudes  de consommation et les décisions de  production, permet de dégager – à titre  subsidiaire – des ressources permettant de  compenser une partie du coût pour la  société des pratiques identifiées.